Seule... ou pas [ Pv Chloé ]

Le toit. J'aimais bien y aller. Quoi de mieux que de se retrouvé seule, tranquille, sans personne pour venir vous agacer parce que vous ne faites pas exactement ce que les autres aimeraient que vous fassiez ? L'avantage ici, c'est que c'était si haut que la plupart avaient le vertige, et en plus vu le froid qu'il faisait ce jour là, personne ne s’aventurerait ici. Oui, je préférais, et de loin, le froid au chaud. La pluie au soleil. La neige à la canicule. Je disais souvent que... si je devais mourir un jour, je préférais mourir de froid plutôt que de mourir de chaud. La plupart me trouve bizarre, ou simplement folle à lié parce qu'ils n'acceptent pas la différence. J'appris il y a longtemps que nous vivions dans un monde d'hypocrisie et d'argent où si vous ne pensiez pas de la même manière que les autres, que vous n'aviez pas de vêtements à la dernière mode et de marques, on vous traitait comme un moins que rien. Etre des clones, voilà ce que l'on nous demande à présent. A peine avoir sa propre liberté de penser. Or je refusais, et refuse toujours d'être comme cela.

Bref, ce jour là il pleuvait et j'avais décidé de monter sur le toit, l'intérieur était bien trop bruyant et grouillait de monde, si bien que l'air n'était plus respirable. N'étant pas une adepte de la foule, j'avais préféré partir. Je m'accoudais à la rambarde, laissant le vent jouer avec mes cheveux et la pluie me donner une seconde douche et fermais les yeux. En cet instant précis, j'étais heureuse. Je n'avais pas besoin de plus. Cela aussi personne ne le comprenait. Comme pouvoir être heureuse avec rien lorsque l'on a tout ? Ce n'est pas à moi de l'expliquer, et je ne dis pas seulement cela parce que je ne trouve pas les mots pour le faire. Si ils essayaient un jour seulement, ils le comprendraient par eux même.

Enfin, voilà ce à quoi je réfléchissais lorsque j'entendis quelqu'un derrière moi... à ma grande surprise !

Le matin, je m’étais levée avec trois quarts d’heures de retard, mais je m’en fichai : à quoi bon pouvait me servir ce pensionnat ? Mon don ne pouvait pas m’assurer la richesse, mes parents ne voulaient plus rien avoir à faire avec moi, et c’était réciproque. A présent ma famille, je n’en avais tout simplement plus, et ma maison était le pensionnat depuis que j’avais treize ans. Je sais, normalement nous ne l’intégrons qu’à seize ans, et bien j’ai été accepté trois ans en avance. Je contrôlai mon don plutôt bien, et cette année était la première année officielle que je devais aller à la maître de don, avant je n’y avais pas eu le droit. Pourquoi ? Aucune idée. Je détestai ma vie, ce que ma mère avait osé faire en m’expulsant de chez moi, et j’avais une rage énorme en moi.

Je me levai et allai prendre ma douche avant d’aller me préparer, enfilant un slim foncé, un top noir, une écharpe à motif léopard, des boucles d’oreilles aux même motifs et allai devant mon miroir pour me maquiller : mascara, eye-liner et crayon noir, fard à paupière marron. Puis j’enfilai mon manteau noir, attrapai mon sac de cours aux couleurs de mon écharpe et sortis de ma chambre, descendant les escaliers de l’internat, j’allais m’aventurer au dehors lorsque je vis le temps. Je retournai dans ma chambre prendre un parapluie –motif léopard aussi- et ressortais. Je fis attention à ne pas marcher dans les flaques d’eau et entrai dans le bâtiment où les cours se trouvaient. Je montai jusqu’au toit, faisant attention à ne pas rater une marche, et poussai la porte. Je me stoppai sur le seuil, voyant une personne postée pas loin de là. Je jetai un regard en arrière, n’ayant aucune envie de faire marche arrière pour retourner dans les couloirs ; si un professeur me voyait il allait m’obliger à aller en cours. Je poussai un soupir et m’avançait, ouvrant mon parapluie, pour me placer à côté de la jeune fille, la protégeant elle aussi de la pluie :

« Je ne te déranges pas, j’espère ? »

Je tournais la tête en entendant quelqu'un. D'après ce que je pouvais en voir, je devais m'en méfier. La manière de reconnaitre ceux dont vous devez vous méfier comme la peste ? Leur manière de s'habiller, la façon dont ils sont maquillés, et...

-Je ne te déranges pas, j’espère ?

... Le ton de leur voix, or la voix de cette dernière était bien trop mielleux à mon goût. Tout chez elle me rebutait, depuis son air faux jusqu'aux vêtements qu'elle portait. Je devais me méfier. Rester prudente. Mais jouer aux hypocrites. Je lui offris un beau sourire et repartis sous la pluie, car elle m'en protégeais de son parapluie, ce qui était la seule action qui pouvait me la rendre un peu sympathique.

-Non, bien sûr que non, reste autant que tu le souhaite.

Sous son regard étonné - peut-être le fait que je reparte sous la pluie - j'ajoutais :

-Oh c'était très gentil de ta part de me protéger de la pluie mais... j'aime ça. Et puis dans l'état où je suis ça peut pas être pire, ajoutais-je en riant.

Oui, je ressemblais à une loque humaine, j'étais entièrement trempée, des pieds à la tête, je dégoulinais de partout... mais je l'ai déjà dis, cela m'importait peu, j'aimais ça. Elle part contre, avait déjà l'air de me prendre pour une folle. Je me demandais ce qui se manigançait dans sa tête...

-Je m'appelle Lea. Lea Collins, dis-je en tendant la main. J'allais peut-être le regretté... j'espérais que non !

Elle me regardait pendant que j'attendais une réponse : si je la dérangeais je partirai, sinon je resterai. Enfin non, je resterais quoi qu'elle dise : après tout le toit ne lui appartenait pas et je n'avais pas la réputation d'enfant colérique et pourrie-gâté pour rien ! Certains me qualifiaient même de garce, mais je m'en fichai ; que savaient-ils de ma vie ceux-la ? Avant, lorsque je venais d'arriver j'avais essayée d'être la fille sympa, toute mignonne qui ne cherchait pas d'histoire, et puis j'avais appris que la vie n'était pas si rose ; je savais reconnaître une hypocrite lorsque j'en croyais une, et la fille qui s'éloignait de la protection que mon parapluie lui offrait était en plein acte d'hypocrisie, son sourire aussi faux que ses bonnes manières l'en témoignaient.

-Non, bien sûr que non, reste autant que tu le souhaite.

Je me demandait bien pourquoi est-ce qu'elle partait sous la pluie au lieu de rester à l'abri. Peut-être qu'elle ne désirait tout simplement pas rester aussi proche de moi que ça, j'avais l'habitude que les personnes avec qui j'étais me repoussent : après tout, toutes les personnes que j'avais rencontré jusqu'alors me lâchaient les uns après les autres, me poignardant de plus en plus profondément, atteignant un peu plus le coeur chaque jour passant.

-Oh c'était très gentil de ta part de me protéger de la pluie mais... j'aime ça. Et puis dans l'état où je suis ça peut pas être pire.

Elle rit d'un vrai rire, et je su qu'elle venait de me dire la vérité. Je la détaillai d'un regard critique et je hochai la tête : c'était vrai qu'elle ressemblait à une vrai loque humaine avec ses cheveux bouclant à cause de lui, ses vêtements trempés comme si elle s'était jetée dans une rivières, je doutai même que ses chaussettes soient dans le même état qu'elle : mouiller. Personnellement je n'aimais pas la pluie, je trouvai ça désagréable.


-Je m'appelle Lea. Lea Collins.

Elle me tendit la main comme le ferrait un homme ou une femme d'affaires ; je tendis la main à mon tour et la lui serrai, faisant attention à ne pas la protéger de mon parapluie.

- Je penses que tu es folle d'apprécier de te faire trempée de la sorte ; et je suis Chloé Winston, comme la marque de clope.

Je souris en disant ma petite remarque de la fin. Puis je remarquai un mouvement sur ma gauche et mes yeux se portaient instinctivement sur la personne qui se tenait près de la porte ; je le reconnaissais : mon professeur de Dons. Super. En le voyant, la rage que j'avais contre Ashley revint aussitôt dans le creux de mon ventre et dans mon coeur ; elle ne pouvait pas me voir et je ne comprenais toujours pas pourquoi. Mais c'était réciproque, j'étais jalouse d'elle, je n'avais pas honte de l'avouer. J'attrapai le bras de Lea et fis quelques pas jusqu'au professeur, le voyant avec un livre, je haussai un sourcil :

- Lire sous la pluie est totalement bête, monsieur Halder.

- Je penses que tu es folle d'apprécier de te faire trempée de la sorte ; et je suis Chloé Winston, comme la marque de clope.

Je ris d'un rire franc de nouveau, ce n'était guère la première fois que j'entendais cela. J'étais différente, et je le savais. Et mieux encore : je l'acceptais.

-Oui, ce n'est pas la première fois qu'on me le dit... je suis... bizarre. Et je t'avouerai n'y rien connaitre en cigarette ! Je ne fume pas.

Ca ne l'intéressait sans doute pas, mais il fallait bien meubler un peu la conversation, même si j'aurai préférer avoir face à moi une fille sincère plutôt qu'une faux cul cachant bien son jeu, car je doutais qu'elle ressemble réellement à le jeune fille que je voyais face à moi et pour tout avouer, cela me désolais. J'aurai réellement aimé qu'elle soit cette fille douce et gentille que son visage s'acharnait à faire voir. Soudain elle m'attrapa par le bras et se mit à marcher en direction de quelqu'un... ou plutôt d'un prof.

- Lire sous la pluie est totalement bête, monsieur Halder.

MONSIEUR HALDER ? Oh ma déesse - autant faire l'impasse sur le fait que je ne crois plus en Dieu depuis longtemps - ! Je détestais ce soit disant professeur, je me demandais même où il avait décroché son diplôme ! Quoi que... le roman Bel-Ami de Guy de Maupassant me revint subitement en mémoire, et je fis le rapprochement entre Ian Halder et Georges Duroy et compris immédiatement : les femmes. C'est par les femmes qu'il avait évolué socialement ce... pervers. Je ne l'en détestais qu'un peu plus, je n'avais plus aucune estime pour lui et ceux depuis très longtemps. Vous me trouverez sadique, mais je n'attendais qu'une chose : un seul faux pas de lui envers moi ou une amie pour le faire exploser. J'en étais capable, je le savais et croyez moi, quoi qu'il m'en coûte, je n'hésiterai pas un seul instant. Mais je restais hypocrite, bien que j'étais sûre que mon regard lançais des éclairs.

-Il est effectivement peu logique de lire hors d'un abris, surtout que, sans vouloir paraître pertinente, voire irrespectueuse, cela traduis un total manque d'amour et de respect envers les livres.

Moi qui était une passionnée de lecture, je ne pouvais décemment tolérer cela. Plus cela allait et plus il me répugnait ce prof ! Je n'aurai jamais cru cela possible si je n'avais eu... ce monstre face à moi.

J'étais plongé dans le roman Bel-Ami, de Maupassant. Je l'avais déjà lu, mais j'avais eu envie de me remettre dedans. Je pensais parfois à son héros, George Duroy, qui réalisait une ascension sociale grâce aux femmes. Je ne l'appréciais pas. Pourtant, nous semblions nous ressembler : attiré par les femmes. Sauf que je ne m'étais jamais servi d'une femme pour en arriver là où j'étais aujourd'hui. Il était vrai que j'avais déjà eu une aventure avec la directrice, mais je ne m'en étais pas servi pour avoir ce post. Tous les autres membres de la direction avaient accepté de me prendre car ils avaient apprécié mes pouvoirs, et la façon que j'avais de tenir un cours leur avait bien plu. En fait, je me sentais différent de George Duroy.

- Lire sous la pluie est totalement bête, monsieur Halder.

Je tournai ma tête vers l'élève qui venait de me parler. Il s'agissait de Chloé, que je connaissais pour l'avoir eue en cours de dons. Les deux filles avaient donc finalement remarqué ma présence sur le toit. J'aurais pu profiter de cette occasion, mais non, je n'avais aucune envie de les draguer.

-Il est effectivement peu logique de lire hors d'un abris, surtout que, sans vouloir paraître pertinente, voire irrespectueuse, cela traduis un total manque d'amour et de respect envers les livres.

Je soupirai discrètement. Je ne connaissais même pas cette autre élève qui venait de me parler, et qui semblait vouloir jouer au plus malin sans m'avoir bien observer. Jamais je n'aurais été assez bête de lire sous la pluie si c'était pour tremper tous mes livres. Mais grâce à mes pouvoirs, je déviais la pluie. Au lieu de tomber sur mon livre, elle tombait à droite, à gauche, devant. Bel-Ami était sec. Mais les élèves n'y avaient, bien évidemment, pas fait attention. Je fixai la jeune fille qui m'avait parlé en dernier, fermai mon livre et lui répondit :

- C'est une bonne chose de t'en soucier, mais tu ne sembles pas avoir remarqué que ce livre n'a pas été touché par une seule goutte de pluie.

J'avais essayé de ne pas être dûr. Cette fille qui ne me connaissait pas vraiment semblait déjà me détester. Je me tournai ensuite vers Chloé et lui adressai un sourire :

- Comment vas-tu depuis le dernier cours de dons ? Ashley a été un peu dure avec toi.

Pour une fois, j'étais sincère. Et ce n'était pas plus mal, car je n'avais pas envie de me faire détester d'emblée par tous les élèves.

Elle rigolait de nouveau tout en ajoutant :

-Oui, ce n'est pas la première fois qu'on me le dit... je suis... bizarre. Et je t'avouerai n'y rien connaitre en cigarette ! Je ne fume pas.

Je souris, je ne fumais pas non plus mais la plupart de mes amis le faisaient, et on me faisait souvent la remarque sur mon nom de famille. Au début ça me soûlait, et donc je m'amusai à utiliser mon don sur eux, leur faisant imaginer que je me transformer en immense paquet de cigarette avec une bouche énorme et des dents tout aussi énorme pour leur courir après. Je sais : c'est totalement nul, mais qu’est-ce que je pouvais rire ! Lorsque j'avais entrainé Lea jusqu'au prof elle c'était laissée faire et lui dit même :

-Il est effectivement peu logique de lire hors d'un abris, surtout que, sans vouloir paraître pertinente, voire irrespectueuse, cela traduis un total manque d'amour et de respect envers les livres.

Je lui lançait un regard et vit que le sien lançait des éclaires au professeur. Elle ne l'aimait pas sans aucun doute, mais tout en elle dégageait l'hypocrisie. Je me demandais bien pourquoi est-ce qu'elle était comme ça. Ian tourna la tête vers nous et répondit à Lea :

- C'est une bonne chose de t'en soucier, mais tu ne sembles pas avoir remarqué que ce livre n'a pas été touché par une seule goutte de pluie.

Je me demandait si les deux se connaissaient vu comment ils se parlaient ! En y faisant attention, il est vrai qu'aucune goute n'avait toucher le fameux livre. Bel-ami ? Je n'aimai pas lire, et je ne le connaissais donc pas. A chaque fois que nous devions lire un livre, j'étais l'une des seul à ne pas le faire. Puis le prof se tournait vers moi et me sourit :

- Comment vas-tu depuis le dernier cours de dons ? Ashley a été un peu dure avec toi.

Il semblait sincère, aucune marque d'hypocrisie émanait de lui ; je savais la détecter à force de l'être. Ashley. Je ne pu m'empêcher de serrer le bras de Lea un peu avant de la lâcher et de m'excuse du regard, je croisai les bras. Cette fille m'énervait, elle se pensait plus forte que n'importe qui avec son don, mais devais je lui rappeler que déjà d'une j'étais dans ce pensionnat depuis beaucoup plus longtemps qu'elle et moi je n'avais pas doublée une année ?

- Ca va, et j'ai l'habitude Ashley n'est qu'une garce au fond d'elle ; mais je doute que vous ayez envie de m'entendre me plaindre ! Et vous comment allez-vous ? Gabriella non plus n'a pas été tendre avec vous ; et j'ai bien aimé la manière dont vous avez "puni" Ash!

Un immense sourire illuminait mon visage. Je voulais voir ces deux amies mortes et six pieds sous terre, voir dix pieds. Je ne sais pas, déjà qu'Ashley je pouvai pas la flairer ... Gabriella c'était peut-être moins parce qu'elle ne m'avait rien fait de spécial, mais je n'aimais pas la manière dont elle se comportait avec moi. Surtout que je passai pour la victime.

- C'est une bonne chose de t'en soucier, mais tu ne sembles pas avoir remarqué que ce livre n'a pas été touché par une seule goutte de pluie.

-Je vous... prierais donc de bien vouloir m'excuser Professeur, articulais-je.

En y regardant mieux, je remarquais qu'effectivement, l'eau ne touchait pas le livre. Une affinité avec l'eau ? Sans doute... Tien tien tien ! Je parlais de Bel-Ami, c'était justement le livre qu'il lisait... l'un des rares livres que je n'aimais pas beaucoup, bien qu'il montre parfaitement la vérité sur la gente masculine en générale.

- Comment vas-tu depuis le dernier cours de dons ? Ashley a été un peu dure avec toi.

Cette fois, c'était à Chloé qu'il s'était adressé. Cette dernière serra un peu plus mon bras avant de me lâcher, s'excusant d'un regard. Je lui souris gentiment, elle ne m'avait pas fait mal de toute manière.

- Ca va, et j'ai l'habitude Ashley n'est qu'une garce au fond d'elle ; mais je doute que vous ayez envie de m'entendre me plaindre ! Et vous comment allez-vous ? Gabriella non plus n'a pas été tendre avec vous ; et j'ai bien aimé la manière dont vous avez "puni" Ash!

Le ton de sa voix m’insupportais. Je ne dis pas : je jouais les hypocrites moi même avec elle presque depuis le début, exception faite de deux ou trois fois où je n'avais pas simuler, mais elle, elle en fait dix fois trop ! En plus, je connaissais Gabriella, et j'étais quasiment certaine qu'elle n'était pas méchante.. disons que j'en était bien plus convaincue maintenant que j'avais entendu Miss Paquet de Cigarette ! Quand à cette autre fille, Ashley, je ne la connaissais pas encore, je ne pouvais donc porter de jugement. Toutefois là, c'en était trop, et je parvins de justesse à maitriser ma colère, ne faisant qu'exploser une petite vitre au lieu du toit complet. Je reculais de quelques pas.

-Ex... excusez moi.

Je me dirigeais précipitamment vers la porte, il fallait que je m'éloigne ou je ne parviendrais pas à me calmer.